Après le tournage du Chemin de Bobo, documentaire sur l'artiste plasticien Mamadou "Bobo" Bâ, nous avons eu envie de continuer notre travail ensemble, sous une nouvelle forme.

 Nous avons cherché des nouvelles expressions des contes dits par sa mère.

 

convergence- 2008

Installation d’art contemporain à trois voix

Mamadou Bobo Bâ: peintures

Hervé Guyader: musiques et sons

Emmanuelle Villard: création vidéo

 

Ecoutons chacun des «conteurs»:

 

Bobo

« Il était une fois Foula Mariama et la Bande de coton.

Il était une fois cette fillette peule en milieu malinké.

Il était une fois cette jeune mère de famille habitant le Boundou

Loin de son Bambouck natal s’adonnant à la filature du coton.

Il était une fois mes frères et moi en compagnie de Néné

Alors commençait la veillée ; la longue veillée autour du feu de bois

Contes peuls et malinkés se succédaient.

Wonko ko wono do Fendo toun bé dian…

Des années plus tard ces soirées mémorables me servirent.

Elles me conduirent sur le chemin de la création artistique

Porté par cet élan j’ai senti que je donnais à la parole une forme.

Mes différentes pérégrinations m’amèneront à rencontrer d’autres cultures .

Cheminant avec elles l’idée de mélanger plusieurs formes d’expression naquit.

Il était une fois une bande de trois artistes autour d’une création contemporaine.

Les visiteurs sauront-ils ou non capter le subtil qui nous animait tout au long de cette belle aventure ?

Bobo

 

Hervé

« Au départ , je n'avais pas d'idée préconçue sur la forme que pourrait prendre la partie sonore de ce projet. Il y a eu des séances d'improvisations avec la guitare sur les berges de la Falémé, j'ai aussi improvisé certains soirs , en même temps que la mère de Bobo disait des contes, nous avons aussi collecté

certains de ces contes sous forme d'enregistrements. Peu à peu, en discutant avec les compagnons de cette aventure, il m'est apparu qu'il serait intéressant de recréer une ambiance sonore mêlant des extraits variés de ces soirées de contes, peut-être d'autres sons, et une trame musicale à composer.

Ces voix, ces bribes de contes devraient apparaître et disparaître comme portées par le fleuve ou le vent . Ce n'est que plusieurs mois après ce séjour à Kidira, que je suis parvenu à associer ces éléments et à trouver la musique. »

Hervé

 

Emmanuelle

« J’ai eu l’intuition de deux thèmes principaux pendant mon séjour à Kidira : l’eau et la calebasse, loin d’une démarche documentaire.

La calebasse, outil et symbole de la femme, est un hommage à Néné, la mère de Bobo, en autre chercheuse d’or.

L’eau qui coule comme métaphore de la vie, du temps : intemporelle et temporelle à la fois. L’image d’une rivière nous semble éternelle et pourtant chaque goutte d’eau n’est jamais la même.

Un ami, Roland Colin, m’a appris la formule rituelle d’ouverture des contes en pulaar (langue des Peuls, parlée à Kidira).

Wonko wono do (voici ce qui fut.)

Ina wona, wonata ? (cela est-il advenu ? ou cela n’est-il pas advenu ?)

Ko tinndol hayé! (c’est un conte !)

Le flux de l’eau ne devient-il pas alors une métaphore du conte ? »

Emmanuelle

Exposée à l'Institut des Cultures de l'Islam- Paris, In situ 0.4 Arles dans la Case Camargo-Peule, à la Galerie Octobre-Paris, au Musée de la Mémoire Rochechinard (Drome)